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PHBM

Les spécialistes villageois : des techniciens de proximité efficaces

lundi 15 décembre 2008

Pour responsabiliser les communautés et assurer l’après-projet, le PHBM a formé des spécialistes villageois qui ont assimilé en premier des techniques rudimentaires sur différents domaines. Ce sont des « experts » qui servent de modèle à leurs voisins.


Andriantompoisoa, le vaccinateur communal de Ebelo réunit les propriétaires de zébus et les sensibilise sur la nécessité de vacciner périodiquement les animaux pour les prémunir contre les maladies. « Nous lui faisons totalement confiance, explique Raymond Laha, le chef de la Cellule Elevage du PHBM, car les techniciens du projet se contentent désormais de surveiller ses activités. Les éleveurs eux aussi lui font confiance. Dans ces villages, le vaccinateur tient le suivi et le contrôle des carnets de vaccination ». Andriantompoisoa est un des quelques 1900 spécialistes villageois formés par le PHBM et qui ont les compétences nécessaires concernant les tâches courantes dans des divers domaines : la santé maternelle et infantile, l’élevage, la vulgarisation agricole, l’environnement…

Il s’agit d’une stratégie du PHBM qui assure à moindre coût des services sociaux et économiques aux communautés locales et à pérenniser ceux-ci. Ces spécialistes villageois font le relais entre ce qu’ils ont acquis des techniciens du PHBM et les membres de la communauté. Bref : c’est un paysan-pilote qui sert de modèle à la communauté car il est choisi pour son dynamisme et sa compétence.

Accompagner les paysans vers le chemin de la modernisation est le premier rôle de ces spécialistes villageois. Les techniciens-relais de l’agriculture, par exemple, sont les premiers à appliquer sur leurs propres terrains les techniques culturales vulgarisées au sein du projet. Les voisins constatent de visu les bien-fondés de ces innovations et généralement n’hésitent pas à suivre la voie. Tomboarivo, la nouvelle commune de 2900 habitants, pour sa part, se réjouit d’avoir des matrones qui ont reçu des formations assurées par des agents du ministère de la Santé. « Si la femme n’a pas le temps de venir à la maternité, expliquent les jeunes mères, nous savons que les matrones formées seront capables d’assurer correctement l’accouchement. » La présence de ces spécialistes villageois vise en second lieu la période d’après-PHBM. « De cette façon, nous sommes sûrs que nos méthodes seront retenues par les communautés, se réjouissent les Chefs de Cellule du PHBM, et que ce transfert se fera, à long terme, entre les villageois eux-mêmes ».

Rémunération symbolique

La mise en place du processus a pris du temps. Il a fallu, en premier lieu, identifier des personnes leaders dans les villages puis assurer la formation technique dans les domaines qu’ils connaissent le mieux. Ainsi, les vaccinateurs villageois sont des propriétaires bovins, les alphabétiseurs sont des néoalphabètes, les matrones sont formées pour prodiguer des soins de plus en plus complets d’obstétrique, les pépiniéristes sont des protecteurs engagés de l’environnement, les animateurs-relais sont des paysans modèles. Ils sont d’abord sensibilisés sur les avantages qu’ils apporteront à leur communauté, puis sont formés sur les techniques de conduite de réunions et de transmission de savoirs avant d’être mis au fait de l’évolution des techniques elles-mêmes. Tout a été pensé, même au-delà de l’aspect technique de la méthode : du fait de leur origine, ces spécialistes villageois ne souffrent pas du rejet de la communauté et même s’ils ne sont rémunérés que de façon symbolique par les rétributions de leurs pairs, ils ne se sentent pas plus lésés. Ialimahefa, le pépiniériste de Mahaly, pour sa part, a gagné même plus : il vend actuellement ses jeunes plants lors des campagnes de reboisement et en tire une certaine ressource.

Cette stratégie du PHBM, qui a porté ses fruits, pendant et surtout après la période d’exercice du projet, a su faire de ces spécialistes villageois des experts écoutés et respectés. Et les résultats ne se font attendre. Les techniciens du projet s’accordent à dire que « les villages dotés de spécialistes villageois accueillent mieux les innovations ».

Henintsoa Randriamampianina