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PHBM

Le foyer économiseur de bois : réussir les mêmes plats avec trois fois moins de bois

lundi 15 décembre 2008

Le foyer économiseur de bois de chauffage a été créé au sein du projet PHBM pour aider les femmes à réduire la consommation en bois. Il a fallu passer par des procédures diverses pour le faire adopter. Bien que le changement n’ait pas engrangé des masses, les femmes qui s’y sont aventurées ont observé une diminution de leurs dépenses ménagères.


« Au lieu des quinze pièces de bois quotidiens pour cuire une grosse marmite de maïs, nous n’en avons plus besoin que de trois ! » s’écrie Ravaositera Monique, une des soixante femmes au foyer de Tranomaro qui ont adopté le foyer amélioré lequel économise le bois. A l’échelle d’un mois, leurs dépenses en bois de chauffage ont été réduites de quatre fois. En effet, au lieu de prévoir 7000 Ariary par mois pour deux charettées de bois, la ménagère n’en dépense plus que le quart pour la même durée. Si le foyer économique pour le charbon de bois existe dans les hautes-terres de Madagascar depuis des décennies, ce type de foyer est unique à la région d’intervention du PHBM. Il a été spécialement façonné selon les besoins et la disponibilité des matériaux dans la région. En forme de U, il fait 80 cm de diamètre et des contours qui incubent la marmite. De cette façon, il garde la chaleur et réduit le nombre de bois utiles.

De la recherche aux avantages pratiques

Son arrivée dans la région a été l’objet d’une recherche sur la consommation du bois et la constatation de la diminution permanente de la réserve. Il fait partie des nombreuses intitatives du PHBM sur le volet Environement et vise essentiellement à limiter le défrichage inconsidéré de la forêt. Dans sa conception, le projet a respecté les réalités locales : tous les matériaux sont disponibles sur place et gratuits. Par ailleurs, la vulgarisation du foyer s’est faite avec des séances collectives de démonstration du foyer et de désignation d’un animateur qui initie la communauté à la construction du foyer. Ainsi, 36 animateurs sont sortis de lot pour aider et former les ménagères à la confection des foyers améliorés. Il peut être fixé à un endroit de la cuisine ou mobile pour des séances cuisson hors de la maison. « La confection d’un foyer amélioré ne nécessite pas de savoir-faire particulier », précise Sylvia Ravelonjatovo, Chef de la Cellule Environnement du PHBM, et les villageoises elles-mêmes peuvent s’organiser entre elles pour la construction. « Il prend forme en une journée et assez facilement avec le résidu d’une termitière, de la cendre et de l’eau », explique Bertrice Ravaoarisa, une animatrice à Tranomaro. « Même si je ne suis pas suffisamment payée, précise-t-elle, je suis contente d’avoir permis à mes amies de réduire leur consommation de bois ». Les représentants du projet louent cette initiative, d’autant plus que « le bois se fait de plus en plus rare et qu’il n’y a aucun renouvellement des forêts de bois de chauffage. »

« Cela réduit le temps que je passe au fourneau »

L’économie de bois constatée est tellement manifeste que même les grandes consommatrices de bois, en la personne des gargotières ont suivi le changement à Tranomaro. « J’ai réduit de moitié le coût mensuel du bois, reconnaît Georgine Rasoanantenaina, gargotière à Tranomaro, qui utilise 3 foyers améliorés dans son commerce, ce qui a contribué à réduire mes charges ». Et le foyer ajoute au confort : « il n’est plus besoin de souffler dans le foyer comme avant », continue-t-elle, « car le foyer est bien conçu, et cela réduit le temps que je passe au fourneau ». A Tranomaro, les ménagères se disent « avoir suivi le changement parce qu’elles ont en assez de devoir chercher du bois toute la journée. »

Mais au-delà de ces ménagères acquises au changement, nombreuses sont encore celles qui y résistent. Pour cela, elles donnent tort au fait que le foyer tarde à se chauffer, qu’il faut en reconstruire au lieu d’en acheter et certaines voudraient plutôt acquérir des foyers économiques de charbon de bois. « Le foyer amélioré a eu du succès dès son introduction dans la région, se souvient Bien-Aimé Rakotovololona, Chef-Triage des services de l’Environnement, des Eaux et Forêts de Tsivory, – en passant de près de 400 à 650 unités de 2004 à 2005 – pour chuter à 20 en 2006 car les ménagères sont peu enclines à reconstruire les foyers usagés, sans parler de celles qui ne l’ont jamais adopté. » Mais une autre raison explique les chiffres car ce foyer amélioré est victime de son succès : parce qu’il s’use rarement vite, la confection a diminué. Il reste donc aux femmes qui ne l’ont pas encore chez elles d’y remédier.

Henintsoa Randriamampianina